Monter une ZAD

Lorsque tous les recours sont épuisés, que votre plaidoyer n’a pas pu aboutir avant que les travaux aient commencé, vous n’avez plus d’autres solutions si vous voulez stopper les travaux que d’occuper le lieu du chantier dans la durée.

Le nombre fait la force

Cela nécessite des forces en nombre, permanentes et surtout de choisir le bon moment. Ce moment dépend complètement de votre contexte et donc il faudra l’évaluer. Cette occupation devra être assurée avec une communication efficace et qui continuera de fonctionner pour continuer d’attirer, obtenir du soutien et de la presse sur la situation. Vous ne tiendrez pas si votre occupation est en vase clos, sans nouvelles ressources. La manière dont vous vous serez structuré en amont aura son importance ici car vous devrez poursuivre ce fonctionnement. Une zad peut également vous permettre de faire venir d’autres personnes hors du territoire, en soutien et nous vous conseillons d’appeler du renfort dans les réseaux de lutte (les Soulèvements de la terre par exemple).

Maintenir la pression

Vous pouvez aussi poursuivre le plaidoyer en parallèle pour obtenir des portes de sortie vers l’abandon du projet au fur et à mesure des journées d’occupation (si le dialogue n’est pas rompu). L’occupation doit à terme permettre de pouvoir rester sur le chantier jusqu’à ce qu’il soit abandonné par les porteurs de projet en leur rendant la situation impossible à tenir ou jusqu’à ce qu’une décision politique le stoppe définitivement. N’oubliez pas que pour un·e élu·e du territoire, observer un terrain occupé par ses habitant·es témoigne de l’opposition à son encontre et est politiquement difficile à tenir. Cela constitue un bon moyen de pression.

Les débuts de l’occupation

Dans un premier temps, s’il est accessible, qu’il y a peu de risques de surveillances à venir et bien avant le début des travaux, vous pouvez ouvrir le terrain et l’occuper de manière temporaire en amont. Cela vous permettra de le faire visiter afin de commencer à faire venir les habitant·es pour l’occuper si vous n’avez pas les forces dès le départ. Cette démarche peut avoir lieu en même temps que les processus légaux, si vous jugez que la situation le permet et n’engendrent pas de surveillance permanente sur le site.

Si l’occupation se fait petit à petit, en amont, en mettant en avant votre légitimité et votre projet alternatif, les risques d’opposition des forces de l’ordre sont plus faibles, car dans l’imaginaire c’est déjà de plus en plus un terrain partagé par les habitant·es.

Si les travaux commencent de manière imminente ces occupations progressives ne sont plus suffisantes pour les stopper. Le blocage devra être plus marqué, plus visible, et sera interprété comme plus agressif.

Ne plus lâcher de terrain

La solution la plus efficace serait que vous ayez réussi à vous organiser pour occuper de manière permanente le terrain. Là, tous les recours sont épuisés et si vous le faites rapidement, en nombre et que vous prévoyez les moyens de rester, la situation sera beaucoup plus complexe pour vos opposants. D’autant qu’à la fin des décisions de justice les travaux reprennent parfois dès le lendemain et vous prennent de court.

Dans ce cas, il faudra être prêt à ce qu’au moment où rien n’empêche le départ des travaux, vous ayez une masse suffisante de personnes arrivant, avec de quoi ouvrir le terrain, construire en habitat mobile et l’habiter. Un habitat est plus difficile à détruire juridiquement s’il est occupé depuis un moment d’où la nécessité de gagner du temps ou de l’occuper dès qu’il n’y a plus de recours possibles. 

Attention toutefois : les zads les plus récentes se sont systématiquement fait expulser, rapidement et avec brutalité, la stratégie de la police consistant à agir vite et fort pour ne pas vous laisser vous implanter. Venez en nombre au moins au début, et en cas d’expulsion vous pouvez réfléchir à des moyens de revenir et/ou de multiplier les occupations en petit groupe.

Incarner votre projet alternatif

Vous pourrez aussi vous servir de votre projet alternatif dans sa plus large échelle et le réaliser sur place pour susciter l’intérêt l’arrivée de nouvelles personnes et témoigner de la légitimité de votre lutte. Même si vous occupez, de nouvelles personnes doivent pouvoir vous prêter main forte. Nous détaillons plus ce sujet dans la partie dédiée.