Lutter contre les déforestations

et l'industrialisation des activités forestières

Lutter contre les déforestations est un des grands enjeu actuels. La forêt se situe à un moment charnière de son histoire, et des luttes s’organisent pour l’empêcher de devenir monoculture ou encore champs de panneaux photovoltaïque. Vous trouverez ici les acteurs en lutte contre ces déforestations, ainsi que des pistes d’actions possibles, issues de l’histoire de ces résistances.

C'est quoi le problème de forêts ?

Les forêts françaises sont à un moment charnière de leur histoire. Depuis quelques années, l’industrialisation s’intensifie : les coupes rases et les monocultures résineuses se multiplient tandis que de gigantesques usines à biomasse menacent des territoires entiers. Nous assistons à une forme de « malforestation » – si la superficie des forêts ne diminue pas à l’échelle nationale, la qualité des boisements régresse au profit de plantations artificielles, sous perfusion d’engrais et de produits phytosanitaires. Si rien n’est fait pour arrêter cet élan productiviste, la forêt risque de subir les mêmes dérives que l’agriculture conventionnelle et tomber aux mains des grands acteurs industriels.

Quelques chiffres donne l’ampleur de ce qui se joue : En dix ans, les coupes ont augmenté de 20%  selon l’IGN et le gouvernement veut les augmenter de 70 % d’ici 2050. D’après l’UICN, 20% des espèces forestières sont aujourd’hui menacées par des récoltes de bois trop violentes et intensives. La plus grosse coopérative forestière Alliance Forêt bois gère plus d’ 1 million d’hectares de bois en France et s’accapare les aides publiques.

En parallèle, la forêt se retrouve aussi en première ligne des grands projets inutiles, bétonnées par des projets d’autoroutes, de zones logistiques ou de LGV. Les centrales photovoltaïques au sol est une autre menace qui se multiplient ces dernières années. Rien que sur la montagne de Lure, dans les Alpes de Haute Provence, par exemple, c’est 1 000 hectares de forêt qui risque d’être artificialisés.

Carte des luttes locales pour les forêts (août 2023) par LFI. N’y figures pas les projets victorieux!

Où en sont les luttes contre les déforestations?

Des victoires pour les forêts

Partout, sur le terrain, des luttes locales se mobilisent en faveur de forêts vivantes. Des habitant⸱es s’engagent pour défendre leur territoire. Plusieurs victoires ont été remportées ces dernières années suite à des mobilisations collectives,

Contre la méga-scierie Farge dans le Limousin (2025)

Contre la méga scierie Florian dans les Pyrénées ( 2022)

Contre une centrale photovoltaïque dans la forêt de Loulle dans le Jura (2024)

Contre une coupe rase au bois du Chat en Corrèze (2023)

Contre la mise en monoculture de 200 hectares de forêt sur le Mont Touleur dans le Morvan (2021)

La lutte victorieuse du Bois du chat © Céline Levain / Reporterre

Un réseau de lutte pour la défense des forêts qui se coordonne

La question des forêts bénéficie aujourd’hui d’une meilleure visibilité médiatique et d’un réseau constitué de différents acteurs qui tentent de se coordonner. A deux reprises, dans le cadre de l’Appel pour des forêts vivantes, des Assemblées des luttes forestières se sont déroulées pour rassembler les collectifs mobilisés de toute la France. La première a eu lieu dans les Pyrénées près de Lannemezan en 2022, puis la seconde sur le plateau des millevaches en 2024. Des rencontres entre collectifs ont également eu lieu aux Résistances en 2023 ou lors du festival des luttes paysannes et rurales à Bure le même été.

SOS forêt a l’intention de regrouper désormais les différentes luttes de terrain. Cette association rassemble les syndicalistes de l’ONF, engagés contre le démantèlement du service public forestier, des associations environnementales, des habitants et habitantes et des travailleurs du bois regroupés autour du RAF, le réseau pour les alternatives forestières. Des groupes locaux existent dans différents massifs forestiers comme la Dordogne ou le Morvan.

Une action géante pour dénoncer les coupes rases dans les Morvan, par Canopée.

Manifestation à Nestier – quand les luttes contre l’industrialisation de la forêt s’organisent © Alain Pitton /Reporterre

Qui fait quoi pour défendre les forêts ?

SOS Forêt : Collectif d’associations locales et nationales de protection environnementale engagé dans le plaidoyer et les mobilisations 

RAF : Association qui rassemble les alternatives forestières et propose de nombreuses formations 

Canopée : Association spécialisée dans le plaidoyer pour des forêts vivantes. Membre de la fédération Amis de la Terre et bien présente sur les réseaux sociaux.

SNUPFEN : Syndicat majoritaire de l’Office national des forêts 

Prosilva : Association de professionnels engagés dans sylviculture irrégulière, continue et proche de la nature. 

Adret Morvan : association engagée dans le Morvan 

Touche pas à ma forêt : collectif qui lutte contre le projet de méga scierie Florian dans les Pyrénées 

Syndicat de la Montagne Limousine : collectif d’habitants mobilisé sur le plateau de Millevaches 

Forêt en vie :  Forêt en vie est un fonds de dotation qui rachète des forêts pour les gérer avec des méthodes respectueuses des eco-systèmes.

Quelles actions possibles contre la malforestation ?

La mobilisation syndicale

Depuis 2018, la mobilisation s’accélère. Les syndicalistes de l’ONF rassemblés autour de l’intersyndicale et du syndicat majoritaire le Snupfen ont organisé une grande marche à travers la France. Pendant plusieurs mois, forestiers et citoyens ont traversé villages, villes et campagnes pour prôner une autre approche de la forêt. La marche a abouti à la signature du manifeste de Tronçais signé par plusieurs dizaines d’associations et organisations qui s’engagent à promouvoir une sylviculture plus proche de la nature. Des actions syndicales et des grèves des agents de l’ONF ont ponctué aussi les dernières années. Pression sur les directions locales pour lutter contre la privatisation de l’ONF, la baisse des effectifs et le productivisme qui malmène les travailleurs autant que les écosystèmes. En 2022, près de 200 000 personnes ont signé une pétition pour défendre le service public forestier.

En 2025, le rapport de force est en train de changer. Même si 1 000 emplois ont été supprimés depuis l’arrivée de Macron à l’Elysée en 2017,  la majorité des forces politiques ont signé des amendements en faveur de l’augmentation des effectifs de l’ONF lors des différents débats parlementaires autour des lois de finance.

Aller plus loin avec Reporterre :

La mobilisation pour changer la loi sur les forêts

En parallèle, l’association Canopée s’est montée en 2019 pour faire pression sur les politiques et la loi. Une commission d’enquête parlementaire  a été créée pour proposer une régulation des coupes rases. La convention citoyenne pour le climat a défendu également ces mesures même si elles ont été enterrées par la majorité et le gouvernement. Plusieurs propositions de loi transpartisanes ont été déposées lors des dernières mandatures pour exiger la mise en place d’une sylviculture plus proche de la nature. L’association Canopée est devenue la principale force de plaidoyer à l’attention des politiques.  Elle publie aussi des rapports et des études pour aiguiller les décideurs.

La forêt de Loulle – Quentin Hulo / Reporterre

Les luttes de terrains et luttes locales

Là aussi, elles se multiplient. Dès qu’un projet néfaste arrive sur un territoire, des comités d’auto défense, ancrés et situés, se constituent, avec des composantes différentes, des  habitant⸱es locaux, des paysan⸱nes, des naturalistes, parfois des chasseur⸱seuses, des professionnel⸱les alternatifs.

Des mobilisations nationales commencent à se mettre en place. Dans la Creuse à Guéret, 3 000 personnes se sont réunies contre la méga usine Biosyl le 5 octobre 2024. Le 14 juin prochain 2025, une autre grande mobilisation se tiens dans les Pyrénées contre le projet BioTjet qui veut produire du biokérosène pour les avions.

Sur le reste du site, vous trouverez de nombreuses ressources pour construire ces luttes locales!

L'achat de forêts pour en faire un commun

De nombreux particuliers décident de racheter des forêts en créant des groupements forestiers citoyens dont ils délèguent la gestion à un professionnel attentif au respect des écosystèmes. La dynamique a pris ces dernières années de l’ampleur et permet de contrecarrer les industriels sur le terrain et de limiter leur emprise. Des dizaines de milliers d’hectares sont ainsi gérés de manière différentes et constituent des alternatives en acte à la sylviculture intensive.

Aller plus loin

Films

Le temps des forêts – François Xavier Drouet.

Plusieurs vidéos en libre accès prolonge ce film qui a remporté en 2018 un grand succès en salle.

La Forêt Française en DANGER, EP 1 – quatre épisodes, Partager c’est sympa

Émission sur le Front – Hugo Clément, France 5

Morvan, pour quelques douglas de plus – Franck Cuveillier, France 3

Saga du bois du chat – Telemillevaches

Livres

Être Forêts – Jean Baptiste Vidalou

Main basse sur nos forêts – Gaspard D’Allens

Massacre à la tronçonneuse – Hugues Demeude, Thierry Gadault

Podcast

Articles & brochures

Le dossier Forêt – Reporterre

Des articles – Revue Terrestres

Le Rapport sur l’État de nos forêts et leurs devenirs possibles par des habitants du plateau des Millevache

Le rapport de Canopée sur les forêts et la menace climat

La montagne Limousine – forêt désanchantée – Revue Z n°15