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La forêt française se situe à un moment charnière. Depuis quelques années, son industrialisation s’intensifie : Les coupes rases et les monocultures résineuses se multiplient tandis que de gigantesques usines à biomasse menacent des territoires entiers. Nous subissons une forme de « malforestation » – si la superficie de nos forêts ne diminue pas à l’échelle nationale, la qualité de nos boisements régresse au profit de plantations artificielles, sous perfusion d’engrais et de produits phytosanitaires. Si rien n’est fait pour arrêter cet élan productiviste, la forêt risque de subir les mêmes dérives que l’agriculture conventionnelle.

Où en sont les luttes ?

Il y a urgence à agir. Partout, sur le terrain, des luttes locales se mobilisent en faveur de forêts vivantes. La question des forêts bénéficie aujourd’hui d’une bonne visibilité médiatique et d’un véritable foisonnement éditorial – on n’a jamais autant écrit sur les arbres – mais cet engouement peine encore à se traduire politiquement et à remporter des victoires concrètes face aux lobbies des industriels.

Il ne manque pas grand-chose : peut-être, simplement, un souffle, un élan. De nombreuses forces se sont déjà lancées dans la bataille. Les syndicalistes de l’ONF défendent la nécessité d’un grand service public forestier alors que, loi de finance après loi de finance, leur établissement est peu à peu privatisé et démantelé. Des associations environnementales se mobilisent pour protéger la biodiversité, des collectifs d’habitants achètent des forêts pour se réapproprier ce bien commun et des professionnels inventent de nouvelles manières de gérer la forêt durablement.

La mobilisation syndicale

Les forêts françaises sont le foyer vibrant de luttes locales. On retrouve des collectifs sur chaque bassin forestier, dans le Limousin, dans le Morvan, dans les Landes, dans les Pyrénées etc.. Le collectif SOS forêt rassemble plusieurs de ces groupes, tandis que le Réseau pour les alternatives forestières ouvre les imaginaires et les pratiques en formant de nouveaux professionnels à la sylviculture proche de la nature.

Depuis 2018, la mobilisation s’accélère. Les syndicalistes de l’ONF rassemblés autour de l’intersyndicale et du syndicat majoritaire le Snupfen ont organisé une grande marche à travers la France. Pendant plusieurs mois, forestiers et citoyens ont traversé villages, villes et campagnes pour prôner une autre approche de la forêt. La marche a abouti à la signature du manifeste de Tronçais signé par plusieurs dizaines d’associations et organisations qui s’engagent à ne rien lâcher. En parallèle, l’association Canopée s’est montée pour faire pression sur les politiques et la loi. Une commission d’enquête parlementaire a été créée pour proposer une régulation des coupes rases. La convention citoyenne pour le climat a défendu également ces mesures même si elles ont été enterrées par la majorité et le gouvernement.

L'appel des forêts vivantes

Pour passer au cran supérieur, de nombreux collectifs se sont réunis en 2021 autour d’une nouvelle dynamique, porteuse d’espoir et auquel Terre de luttes s’est associée : l’Appel pour des forêts vivante. Cette campagne de mobilisation est une sorte de déclinaison forestière des Soulèvements de la Terre, elle cherche à façonner de nouvelles alliances et à créer un mouvement populaire contre l’industrialisation des forêts, en partant de la base, des territoires et de ses habitants.

Le 15 et le 16 octobre derniers des milliers de personnes se sont mobilisées autour d’une trentaine d’actions à travers la France. Une manière de montrer la diversité des luttes, tous et toutes engagées dans un même rapport de force. Prochaine étape – à laquelle nous participerons – la future assemblée des luttes forestières à Nestier, dans les Hautes Pyrénées le 10, 11, 12 mars 2022. Comme l’écrit l’Appel, « ce n’est que le commencement, les prémices d’un mouvement, une lente montée de sève !»

Si vous faites partie d’un collectif ou que vous souhaitez vous impliquer davantage, vous pouvez vous inscrire à l’Assemblée des luttes forestières en envoyant un email à: pourdesforetsvivantes@riseup.net

Les principales structures

SOS FORET : Collectif d’associations locales et nationales de protection environnementale engagé dans le plaidoyer et les mobilisations 

RAF : Association qui rassemble les alternatives forestières et propose de nombreuses formations 

CANOPEE : Association spécialisée dans le plaidoyer pour des forêts vivantes. Membre de la fédération Amis de la Terre et bien présente sur les réseaux sociaux.

SNUPFEN : Syndicat majoritaire de l’Office national des forêts 

PROSILVA : Association de professionnels engagés dans sylviculture irrégulière, continue et proche de la nature. 

ADRET MORVAN : association engagée dans le Morvan 

TOUCHE PAS A MA FORET : collectif qui lutte contre le projet de méga scierie Florian dans les Pyrénées 

SYNDICAT DE LA MONTAGNE LIMOUSINE : collectif d’habitants mobilisé sur le plateau de Millevaches 

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