Les aéroports

Lutter contre l’extension et les nouveaux aéroports

L’État français s’est engagé à tout faire pour contenir les changements climatiques en dessous de 2°C et si possible 1,5°C, avec la ratification de l’accord de Paris en 2015 et les différents accords européens sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Concrètement, la France devrait réduire ses émissions de 40% au minimum à horizon 2030, et cela a des implications dans tous les secteurs d’activité économique.

Concernant le secteur aérien, le nombre de voyageurs transportés dans le monde a été multiplié par deux entre 2006 et 2018, et la contribution de ce mode de transport au réchauffement climatique a presque doublé entre 2000 et 2018. Par ailleurs, les émissions du secteur de l’aviation sont réparties de manière particulièrement injuste : 1% de la population mondiale est responsable de 50% des émissions du secteur aérien. Au niveau français, le trafic aérien a quasiment été multiplié par deux au cours de ces vingt dernières années.

L’association du transport aérien international (IATA), qui compte poursuivre sur cette lancée, prévoit un doublement du trafic aérien d’ici 2040. Or il n’existe pas de solution technologique disponible aujourd’hui pour décarboner le transport aérien. L’avion à hydrogène, s’il voit le jour, ne serait pas généralisé avant 2050, comme l’a confirmé Airbus. Quant aux agrocarburants pour l’aviation, la France ne prévoit de les mélanger au kérosène qu’à hauteur de 5% en 2030, par manque de ressources disponibles.

L’ONU dénonce la trajectoire actuelle du secteur aérien, qui ne permet pas de tenir l’objectif de l’Accord de Paris. “Soyons honnêtes. Alors que les États membres [de l’ONU] ont pris des mesures initiales par l’intermédiaire de l’Organisation de l’aviation civile internationale et de l’Organisation maritime internationale pour lutter contre les émissions du transport maritime et de l’aviation, les engagements actuels ne sont pas alignés sur l’objectif 1.5°C de l’accord de Paris. En fait, ils sont plus cohérents avec un réchauffement bien supérieur à 3°C”, a déclaré son secrétaire général Antonio Guterres.

Selon le cabinet B&L Evolution, l’intégralité des efforts nécessaires pour aligner la France sur la trajectoire de la neutralité carbone seraient annihilés par le secteur aérien s’il devait continuer de croître. “Manifestement, et même avec une politique très volontariste sur les leviers techniques, le seul moyen crédible de tenir une trajectoire raisonnable d’un point de vue climatique est de diminuer le trafic”. Corinne Le Quéré, présidente du Haut Conseil pour le Climat, a aussi alerté : “Ce n’est pas le moment de soutenir l’aviation coûte que coûte, mais d’ouvrir le débat sur le fait de réduire les déplacements en avion.” 

Malgré ce constat accablant, l’Etat et le secteur aérien continuent de se projeter vers une augmentation du trafic et poursuivent le développement de structures aéroportuaires partout en France: une dizaine de projets d’extension d’aéroport sont actuellement en cours sur le territoire français (Nice, Marseille, Lille, Nantes, Bâle-Mulhouse…). Des associations et collectifs citoyens locaux se mobilisent, parfois depuis plusieurs années, pour dénoncer ces projets écocides, qui peuvent aussi impacter gravement la santé des populations survolées. A Roissy par exemple, 1,4 millions de personnes sont exposées à un niveau de bruit aérien dépassant le seuil recommandé par l’OMS, et jusqu’à 3 années de vie en bonne santé sont perdues par les Franciliens qui habitent sous les couloirs aériens.  

Ces luttes locales, soutenues par des ONG et des associations nationales, mettent en œuvre de nombreux moyens d’action : recours juridiques, interpellation des élus, manifestations, pétitions, désobéissance civile… Ces luttes locales se sont organisées en réseau pour s’entraider et renforcer leur action. Une mobilisation historique a notamment eu lieu le 3 octobre 2020, à l’appel d’Alternatiba, dans 18 aéroports en France. Les pétitions contre ces projets aériens sont regroupées sur la plateforme GreenVoice et rassemblent aujourd’hui près de 120 000 signataires. La preuve en image avec les projets de nouvel aéroport à Notre-Dames des Landes, mais aussi en Andorre, ou contre le Terminal 4 à Roissy !

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