Lutter contre le nucléaire

La lutte anti-nucléaire est une lutte ancienne qui s’est construite dans les années 60-70 et qui a de nombreuses ramifications internationales. Aujourd’hui, plus de quinze ans après l’accident de Fukushima (2011), le discours pro-nucléaire en France qui érige l’atome en champion énergétique du bilan a le vent en poupe. Pourtant, les préoccupations anti-nucléaires concernant la sûreté d’installations vulnérables aux aléas climatiques, les tensions géopolitiques et les négligences humaines, ou encore le lourd héritage aux générations futures que représentent des déchets mortels pour l’environnement, restent entières.

Où en sont les luttes contre le nucléaire?

Avec l’annonce d’un nouveau plan de nucléarisation du territoire par Emmanuel Macron, comportant pas moins de 14 réacteurs EPR2 qui seraient déployés sur plusieurs sites de centrales préexistantes, ces préoccupations reviennent sur le devant de la scène. Centrales vieillissantes sujettes à de nombreuses avaries, malfaçons en série dans la construction de l’EPR de Flamanville qui accuse une vingtaine d’années de retard, déchets qui s’amoncellent, coûts prohibitifs de projets ambitieux qui mettront plus d’une décennie à aboutir répondent difficilement et de façon peu crédible à des enjeux climatiques qui réclament des réponses rapides à mettre en œuvre.

À l’occasion des débats publics qui précédent ces chantiers énormes, la lutte antinucléaire se remobilise depuis quelques années à Bure, vaste zone de confrontation et d’installation de militant⸱es antinucléaires, ainsi qu’au sein d’une coordination antinucléaire qui a émergé en début d’année 2023 et qui rassemble collectifs, organisations et riverain⸱es de ces projets avec l’idée de faire barrage à la relance.

Plus d’affiches sur bureburebure.fr

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Qui fait quoi dans le réseau anti-nucléaire?

Réseau Sortir du Nucléaire (RSN) : fédération constituée par près de 900 groupes, associations et collectifs signataires de sa charte et qui réunit à ce jour encore près de 130 groupes antinucléaires actifs (voir historique de la lutte ci-dessous).

La Coordination antinucléaire : assemblée réunissant des composantes militantes, associatives, syndicales et politiques autour d’un espace stratégique de mobilisation face à la Relance nucléaire portée par la présidence Macron :

Arrêt du nucléaire : constellation de groupes antinucléaires qui se réunissent annuellement lors de journées d’étude dédiées à approfondir les réflexions et partager des ressources antinucléaires :

Bureburebure & cedra52  & Burestop : La lutte contre l’enfouissement des déchets radioactifs à Bure qui mobilise de nombreuses composantes de lutte localement et nationalement contre le Nucléaire et son monde.

Piscine nucléaire Stop : La lutte contre la construction d’une installation d’entreposage sous eau de combustibles usés sur le site d’Orano-La Hague – notamment par la diffusion d’une information alternative.

Greenpeace est aussi un acteur pour sortir du nucléaire.

Quelles actions possibles pour lutter ?

Les luttes anti-nucléaire peuvent-être prises par de différents entrées de «la « fillière » ; contre l’extraction de l’uranium permis par la Françafrique, contre la construction d’EPR en France et à l’étranger, contre l’enfouissement des déchets nucléaires comme à Bure ou historiquement à la Hague, contre l’armement nucléaire, contre les transports, …

Voilà quelques pistes d’actions :

Brève historique de la lutte anti-nucléaire​

La lutte anti-nucléaire est une lutte ancienne qui s’est construite dans les années 60-70 en opposition à la guerre, aux essais de la bombe nucléaire menés par la France hors de son territoire métropolitain, puis en contestation de la nucléarisation du territoire national sous l’impulsion du Plan Mesmer. En deux décennies, entre les années 70 et 80, ce sont plus de 50 réacteurs qui sont construits malgré des mobilisations massives et parfois très confrontatives, comme à Plogoff ou Creys-Malville.

Dans les années 80, avec l’accident de Tchernobyl, l’affaire du Rainbow Warrior, le bateau de Greenpeace dynamité par les services secrets français avec un journaliste à bord, un frein important est mis au déploiement de nouvelles infrastructures nucléaires tandis que l’opposition antinucléaire qui s’est structurée, renforcée, demeure fortement mobilisée au sein d’une Gauche européenne qui voit émerger l’écologie politique.

Photos par Wendy Morgan – Archives de la lutte de Greenham common – sur Greenham Women Everywhere

Photos par Illona Linthewaite – Archives de la lutte de Greenham common – sur Greenham Women Everywhere

Dans les années 90, la lutte antinucléaire se déplace sur le terrain des déchets radioactifs qui s’entassent dans des conditions de protection désastreuses ou sont tout bonnement jetés à l’océan dans les eaux internationales. La question de la gestion de déchets à longue vie issus des cœurs de centrales et dont la létalité demeurera durant plusieurs centaines de millénaires devient pressante : le centre de la Hague ne peut rester qu’une option transitoire d’entreposage de ces déchets qui peuvent devenir des cibles d’attentats, provoquer des fuites radioactives désastreuses pour l’environnement et ne seront pas tolérés indéfiniment dans des piscines qui voisines des populations humaines. La recherche d’un point de chute définitif souterrain commence à s’imposer au détriment d’autres options et l’État, pressé de mettre ces déchets sous un tapis, prospecte des dizaines de sites en France. En quelques années, une opposition intense s’organise

aussi bien parmi les militant.es antinucléaires et écologistes que chez des populations riveraines hostiles à devenir des territoires poubelles pour l’éternité. Une coordination antinucléaire se constitue entre des dizaines de collectifs en lutte qui viennent s’ajouter aux dizaines de groupes déjà mobilisés contre et à proximité des installations antinucléaires existantes. Ces derniers se rassemblent à près d’un millier pour faire émerger une charte qui constituera l’acte fondateur du Réseau Sortir du Nucléaire en 1997.

Les années 2000 voient la sortie du nucléaire de l’Allemagne, très mobilisée, notamment contre les transports de matières radioactives. Ces dernières mobilisations vont concentrer une grande partie de la contestation antinucléaire du côté français également tandis que les groupes antinucléaires conduisent une contestation de fond et produisent une expertise au sein du Réseau Sortir du Nucléaire sur tout le territoire national. En Meuse, le projet Cigéo d’enfouissement profond à 500 m sous le sol de la commune de Bure, se précise avec un chantier pharaonique qui se profile à horizon 2015-2020 et acté à la fin des années 90 malgré une virulente opposition locale. Des campements rassemblant des centaines de militantes antinucléaires allemand.es et français.es s’organisent devant le chantier d’un laboratoire d’étude conçu comme un cheval de Troie du futur centre d’enfouissement. Côté Normandie, des projets d’installations de centrales nouvelles génération, les EPR, à Flamanville et Penly, suscitent d’importantes manifestations tandis qu’en 2011, l’accident de Fukushima produit une nouvelle prise de conscience mondiale violente des risques que représentent les installations nucléaires au sein des populations.

Photos par Bridget Boudewijn – Archives de la lutte de Greenham common – sur Greenham Women Everywhere

Aller plus loin

Podcasts

Les déjeuners de Bernard Laponche émission par Mathieu Eisinger

La relance de la lutte anti-nucléaire ! table ronde des Résistantes 2023

Conte l’atome : écoféminismes et antinucléaire épisode d’Avis de tempête 2022

Livres

La Supplication recueil de témoignages de survivant⸱es de Tchernobyl par Svetlana Aleksievitch, également disponibles en archives audio.

Le nucléaire c’est fini Sur le nucléaire et le changement climatique, La parisienne libérée, 2019

Sites outils

L’infokiosque antinucléaire de bureburebure.fr

Celui du site Infokiosque.fr

Notre Colère n’est pas réversible brochure qui revient sur l’histoire de la Coordination nationale contre les déchets radioactifs.

Sites internets experts

Global Chance Une expertise indépendante sur la transition énergétique depuis 1992

Négawatt sur Nucléaire et Renouvelables

Médias

Homo Nucléarus – média indépendant

Atomes crochus – Revue anti-nucléaire

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