Structurer son collectif

Structurer son collectif est une voie essentielle pour construire une culture commune solide, dans laquelle chacun⸱e trouve sa place. Expliciter la structure permettra le travail d’animation et de vie du collectif qui peut parfois être invisible, mais aussi d’identifier les liens entre certains rôles à responsabilités, et les savoirs et pouvoirs associés. La structuration de groupe fait l’objet d’une abondante littérature et ateliers issues de l’éducation populaire. Vous trouverez de nombreuses ressources en bas de page.

Répartition des tâches et prises de décisions

Afin de clarifier votre fonctionnement pour vous-même et les nouvelleaux arrivant⸱es, il peut être très utile de rendre clair qui fait quoi au sein de votre groupe. Cela peut être concrétisé par un organigramme.

Une telle structuration ne signifie pas forcément une hiérarchie, mais bien de prendre certaines missions en charge grâce, par exemple, à des rôles tournants et des binômes pour chaque tâches. Au début, ce sera facile, tout le monde sera présent et concerné. Au fur et à mesure que vous grandirez la question se fera plus présente, voire pressante, pour que votre organisation continue de tourner.

Dans la construction des rôles, vous aurez à établir comment sont prises vos décisions et avec quels outils, quelles sont les limites de l’autonomie de chacun⸱e dans leurs responsabilités, quelles personnes sont impliquées dans quels types de décisions. Ces accords préalables

permettront également d’expliciter la répartition des pouvoirs, dans un ajustement entre engagement et accès aux décisions. Selon le temps et l’implication des personnes, différents cercles peuvent être mis en place.

Les différentes techniques de prises de décisions

Au consensus

Cette méthode permet de faire en sorte que tout le monde soit à l’aise avec la décision et qu’elle soit discutée et construite ensemble.

Par consentement

Elle permet aussi la co-construction de la décision mais en cas de désaccord mineur, elle permet d’avancer tout de même en s’assurant que tout le monde puisse « vivre avec » la décision.

Par vote majoritaire

Cette méthode intervient en cas de désaccord majeur, pour trancher une question importante que le débat n’a pas pu améliorer assez et faire accepter à tout le monde. On peut alors utiliser la nouvelle méthode du jugement majoritaire.

 Par vote pondéré

Permet de prioriser certaines options parmi un ensemble

Eléments d'organisations

Organiser des réunions

Pour commencer vous aurez probablement le réflexe d’organiser des réunions pour établir la stratégie et en distribuer les responsabilités. L’organisation de réunion est en tant que telle une responsabilité souvent sous-estimée. Des réunions qui ont été bien cadrées à l’avance et qui sont bien animées facilitent grandement la progression.

  Ressources

Petite guide pour faciliter l’organisation de réunion – par Attac

Extrait de plaisir d’être en réunion – Béatrice Porcin – dégenréE

Comment animer une réunion – par Sortir du Nucléaire

Les réunions, au coeur du fonctionnement de groupe – par Alternatives territoriales

Culture commune

Vos débats porteront sûrement sur différents sujets, des modes d’organisations que vous avez en interne à vos stratégies d’action. Vous arriverez certainement toustes avec des expériences et une cultures d’organisation singulières. Le temps de la lutte sera l’occasion construire une culture commune d’organisation – les collectifs font un travail de partage de savoirs et savoir-faire, ainsi que de clarification et d’explicitation de la culture de chacun⸱e. Cela peut passer par le partage d’expériences passés de luttes par des personnes aguerries lors de veillées, de visionnage de film, le partage de ressources, et le fait de se situer dans ses expériences collectives.

Focus sur : le retroplanning

Un rétroplanning est un outil utile pour compléter les prises de décisions face à une urgence, une date butoir, un engagement pris par le groupe, ou juste pour réfléchir à comment avoir le bon rythme pour réaliser vos actions et rassemblements. C’est aussi parfois un outil d’évaluation de la faisabilité d’une action. Si face au temps disponible il n’est pas possible de faire rentrer dans le rétroplanning tous les préparatifs permettant son bon déroulement, il vous permettra d’identifier soit ce sur quoi il est nécessaire de trouver des ressources externes, soit le cas échéant de reporter l’action.

Communiquer dans le collectif

L’accès aux informations est toujours un enjeu ; dans un souci de répartition du pouvoir, on cherche à fluidifier la circulation des informations, notamment pour que toutes les personnes concernées par une décision soient aient tous les paramètres en tête. L’enjeu est toutefois de ne pas noyer les infos importantes parmi celles qui ne concernent pas tout le monde.

L’important est ainsi de toujours bien penser à quel groupe, quelle boucle, quelles personnes ont besoin de quelles informations et de penser par cercles et canaux de communication :

  • Les informations générales à fournir à tous les sympathisant⸱es (la prochaine manifestation, le rendu du recours juridique, les différentes façons récapitulées de rejoindre et d’aider le collectif, …). Celles-ci peuvent prendre la forme de newsletters épisodiques, par exemple mensuelles, ou bien d’un message sur une boucle telegram ou signal d’information.
  • Les informations qui concernent tout le collectif (réunions, comptes-rendus, …) ;
  • Les informations rapides et quotidiennes des personnes impliquées dans les tâches en question, qui ne nécessitent pas d’être communiquées telles quelles directement à tout le monde et qui au contraire pourraient les noyer d’informations peu importantes pour elles.
  • Les informations sensibles qui ne doivent pas laisser de traces.

Vous aurez besoin d’outils de communication interne pour vous tenir au courant de vos avancées, de nouveautés et d’articles, échanger des documents et en visio. es, que ce soit pour partager des documents ou faire des visios en ligne. En réel, il peut s’agir d’ajouter un point Info à la fin de l’ordre du jour des réunions.

Néanmoins, la répression qui pèsent sur les luttes locales nous oblige à prendre de grandes précautions quand nous communiquons en ligne. Souvent, c’est comme hurler ces informations dans la rue. Pour cette raison, le groupe doit aussi réfléchir à mettre en place une culture de la sécurité, notamment numérique ; comme l’utilisation de la messagerie Signal.

Se structurer en association

Cela peut être utile pour avoir un compte en banque collectif, récolter des adhésions, réserver une salle de réunion, déclarer des événements en tant que personne morale ou pour réaliser des recours juridiques.

Une association doit avoir au moins deux membres élu·es au bureau qui “dirige” officiellement l’association, mais il est tout à fait possible d’avoir des modes de décision différents et en dehors de l’association. Une association peut aussi avoir des adhésions d’autres associations et structures, par exemple dans le cas d’une coalition d’associations locales qui se battent contre un même projet polluant.

Aller plus loin

Formations - s'organiser

Ateliers/formations proposées par Terres de Luttes

Formations proposées par Organisez-vous !

Brochures

La Tyrannie de l’absence de structure – Joe Freeman, sur les dynamiques de pouvoir qui s’installent dans les groupes.

L’autogestion, c’est pas de la tarte

S’organiser et agir à plusieurs pour la justice sociale et environnementale – Diffraction

Outils

Boîte à outil de Diffraction

Boîte à outil de Radicalcaire

Boîte à outil de l’Université du Nous, facilitation de groupe

Pratiquer la gouvernance partagée et l’intelligence collective – ressources de l’Université du Nous

100 façons d’animer un groupe – guide par Alliance, jeux à faire lors d’ateliers, de réunions, ou au sein d’une communauté

KitS - lancer son collectif

Kit de l’Alternatives Territoriale – (Mode d’emploi action locale et campagne citoyenne) 

Kit du Pacte pour la Transition

Chapitre Construire un collectif – par Occupons le terrain

Livres / Manuels

Animons avec Joie et Ambitions, en ligne – Sébastien Hovart : un manuel pour les animateurices de métier, les profs, les militant·es etc

Micropolitiques des groupes, en ligne – David Vercauteren, à arpenter !

Comment s’organiser ? – Starhawk, manuel d’organisation collective

Organisons-nous – d’Adeline de Lépin, sur le community organising – ou un podcast pour entendre parler du livre ici.

Films

Disparaître – le documentaire sur l’acceptation de la surveillance